Dans cet épisode, Tarek Chabir, directeur de la communication corporate chez Kromberg & Schubert nous offre une vue de la communication interne en Tunisie. Quelle est l’histoire de la communication interne en Tunisie ? Quels enjeux ? Existe-t-il une identité commune aux communicants internes qui transcenderait les pays et les cultures ? Des réponses dans cet épisode de 28 mn qui offre par ailleurs une vision riche de la communication interne et une vision du métier de communicant interne et de sa pratique empreinte d’un attachement profond. Bonne écoute !
L’histoire de la communication interne en Tunisie
Un fait historique majeur a marqué un profond tournant pour la communication interne en Tunisie : celui de la révolution du Jasmin en janvier 2011. Avant cette date, la Tunisie est soumise à une dictature, avec « un état fort, un pouvoir imposant des patronats, une faible influence des syndicats et […] une absence d’opinion publique. […] Le concept de la com interne était quelque part absent ou quasi absent. […] Les ressources humaines étaient considérées comme des ressources techniques, [avec]un flux de circulation de l’information essentiellement descendant avec des informations purement opérationnelles ». Suite à la révolution, il y a eu « une montée en puissance des organes syndicaux, de l’opinion publique, ainsi que la libération de tous types de moyens d’expression et de communication ». La plupart des entreprises ont intégré et accompagné ce changement profond avec la mise en place d’une vraie stratégie de communication interne.
Autre fait historique marquant : celui plus actuel de la crise Covid-19. Une crise sanitaire sans précédent qui a renforcé ou accéléré la communication interne dans les organisations tunisiennes, et mis en lumière les difficultés des entreprises qui n’ont pas fait de la communication interne un pilier stratégique dans leur organisation.
Les enjeux de la communication interne en Tunisie
La révolution du Jasmin, comme la crise sanitaire, ont fait émerger la confiance comme enjeu central de la communication interne, avec la nécessité de construire post révolution et consolider aujourd’hui des relations solides entre les entreprises et leurs collaborateurs. La « volonté ferme d’instaurer un climat de communication »,« travailler sur l’appartenance, sur l’engagement collectif et la cohésion des équipes ». Avec un constat que finalement « peu importe la nationalité, peu importe l’endroit […] les enjeux sont les mêmes », à savoir :
- Accompagner la stratégie d’entreprise
- Décloisonner les services, favoriser la cohésion, l’intégration et l’engagement des collaborateurs, favoriser leur sentiment d’appartenance
- Un autre enjeu fort, qui est un enjeu social où la communication interne « assure l’écoute des employés, la prise en charge de leurs soucis collectifs ».
La com interne c’est comme la sève d’un arbre, elle irrigue l’ensemble de l’entreprise pour contribuer à son bon fonctionnement.
Focus sur un contexte spécifique de travail : celui d’une usine automobile en Tunisie
« Notre entreprise aujourd’hui, elle est pionnière en termes de communication interne »
L’occasion de revenir ici sur les différents dispositifs et canaux de communication interne mise en place dans cette usine comptant 3.500 collaborateurs en Tunisie, 3.200 collaborateurs au Maroc, avec 80% des salariés n’ayant ni téléphone portable sur le lieu de travail, ni tablette, ni PC, ni intranet, avec :
- Une radio interne avec des émissions et qui traite de la partie sociale, culturelle et informationnelle
- Une enquête de satisfaction annuelle sorte de baromètre social adressée à l’ensemble des collaborateurs pendant la production
- Des réunions de proximité qui rassemblent l’ensemble des 3.500 collaborateurs pour transmettre notamment des informations capitales. Des réunions qui assurent une communication directe avec la direction et en présence des organismes syndicaux
- Des réunions de communication orientées solution et qui rassemblent une vingtaine ou trentaine de collaborateurs en transversalité avec des représentants de différents services. L’objectif : aborder sans tabous des sujets source de mécontentement ou de gênes pour y trouver dans les plus brefs délais les solutions adéquates.
L’identité du communicant interne à travers les cultures et les pays
« J’ai eu la chance de côtoyer plusieurs communicants français, anglais, allemands, tunisiens, marocains, algériens, et là quand on parle, on parle un langage unique. Ça veut dire que nous avons tous un élément en commun : c’est notre amour pour ce métier-là, un métier que je trouve noble. »
Une question qui appelle ici à définir les qualités et la façon d’agir des communicants internes, indépendamment de leur nationalité ou de leur culture. Un communicant interne « il doit avoir une écoute et une disponibilité et une courtoise. Le rôle d’un communicant c’est plus de prendre les informations de la part de la direction et de les cascader jusqu’en bas, non. Il faut vraiment, et ça c’est le plus important, et ça c’est l’atout d’un bon communicant, il faut qu’il soit présent sur le terrain. […] Il faut que le communicant opère avec du cœur, avec du grand cœur ». Autres qualités essentielles : « on parle d’adaptabilité, on parle d’un esprit qui doit s’adapter à toutes les situations, on observe, on analyse, on fait une synthèse, on garde ce qui est à garder et on change ce qui est à changer. »